Shalis The Nightshade
Je suis en train de vider ma caméra de tout ce que j'ai filmé depuis que je l'ai. Ca prend des heures soit dit en passant, la prochaine fois je ferai ça la nuit mais bon, pour cette fois j'aimerais une cassette vide pour pouvoir ben... Filmer des trucs. Sur le vif au possible.
Et pendant que ça se vide j'entends le son de tous ces moments que quelqu'un aura voulu immortaliser.
Personne n'est forcé de lire ceci, je l'écris pour moi.
J'ai reçu un Ipod de mon père, il marchait pas alors il me l'a donné et moi je l'ai fait marcher. Je l'attendais depuis longtemps en fait, pas vraiment l'Ipod mais l'outil qui me servirais à moins penser. Parce que je n'arrête pas, je n'arrive pas à empêcher les mauvais moments de ma vie à revenir me hanter. Parfois c'est simple, j'arrive à dissiper les mauvaises pensées et je continue ce que je faisais mais parfois c'est violent. Ca me plaque au sol. Ca m'empêche de bouger, j'étouffe de rage impossible à exprimer envers ces gens qui m'ont fait du mal et envers moi qui ai été trop faible pour me défendre à chaque fois.
Ca n'arrive que quand personne n'est la, quand je promène les chiens dans les bois, en allant ou en revenant de l'école ou bien dans mon lit le matin, avant que quiconque ne se réveille.
J'ai horreur de parler comme ça, faire genre je souffre mais si je n'arrive pas à le dire j'ai au moins besoin de l'écrire. Parce que c'est une bonne chose de voir qu'on est couvert de cicatrices. Ca fait mal sur le moment mais au moins on peux éviter de se prendre des flèches sur les endroits fragiles.
Et c'est vrai, c'est peut-être une métaphore à la con que j'utilise pour dramatiser mon écrit, mais je suis vraiment couvert de cicatrices, mais à l'intérieur. J'ai été tellement faible, rien ne serait pareil si j'avais été mieux dans ma peau à ces moments mais évidemment c'était simplement impossible. Je n'adresserais plus la paroles a certaines personnes qu'actuellement je vois assez fréquemment, je me sentirais mieux, envers les autres comme envers moi même.
Je dis ça, mais évidemment c'est encore une sorte de fantasme, jamais je n'aurais pu être assez fort pour surmonter l'affrontement face à face avec qui que ce soit. Je n'avais jamais vécu encore ce genre d'horreur, j'ai beaucoup vu dans la connerie humaine et pourtant jamais je n'ai eu l'impression d'apprendre l'une ou l'autre technique de défense contre ces agressions extérieures. Je me laisse faire sans broncher, parce que j'ai peur de changer les choses, j'ai horreur du changement.
Impossible de m'énerver, je me rabaisse toujours au maximum dans les discussions, même quand je sais que j'ai raison. Parce que j'ai envie qu'on me voie comme quelqu'un de gentil et de compréhensif. Mais trop gentil, c'est pire que tout. Les gens ont profité de moi, s'amusaient de me voir souffrir et j'ai toujours fini par pardonner. J'ai serré la main a des types qui m'ont traité de tous les noms auparavant, je tape amicalement dans le dos d'un type qui était l'homme le plus heureux du monde quand moi je m'étouffais de tristesse et évidemment... Le reste je sais bien, je sais bien ce que j'ai envie de dire, mais je l'ai déjà tellement dit, tellement de fois et ça ne change rien. Je ne me sens pas mieux quand je le dis, ni quand je le crie. C'est si différent quand c'est quelqu'un qu'on aime qui nous fait du mal en riant.
Toutes ces histoires m'ont mis en pièces mais d'un autre côté j'ai beaucoup appris. Les gens qu'on aime peuvent nous faire du mal, c'est même ceux qui sont le mieux placés pour le faire, il ne faut pas faire confiance à tout le monde... Et d'autres choses encore.
Maintenant je pense savoir comment me débrouiller face à ce genre de situation. Je ne fuirai plus, je ne me tairai plus. Je ne préserverai plus mon image de gentil Caillou, doux, sensible, fragile et naïf. J'irai droit au but, je frapperai la ou il faut et plus jamais je ne me rabaisserai devant des actes immondes ou des paroles cruelles proferées à mon égard.
J'ai appris, j'ai grandi, mais le prix à payer est lourd. Une voix dans ma tête, elle ne se taira jamais. Quand je suis content j'arrive à nier ses sifflements insidieux mais au moindre coup de fatigue elle redouble de vigueur, de violence, de cruauté. Je me vois fracassant la tête de ceux qui ont osé dans des délires approchant des films d'horreur. Je n'aime pas ces visions. Pourtant elles passent, elles sont la et je les vois. J'ai souvent envie de me venger mais la vengeance ne mène à rien. C'est trop tard, personne ne pourrait comprendre et ça serait indubitablement stupide.
J'ai attendu trop longtemps pour exiger des excuses, j'ai attendu trop longtemps pour demander le respect. Mais ça n'arrivera plus. Je saurai garder mon sang froid, je saurai faire face... A l'avenir.
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